N'importe quelle maison, pratiquement, peut donner l'impression de tourner un regard profondément expressif vers la personne qui la voit brusquement, alors qu'elle ne s'y attendait pas, ou bien si elle l'aperçoit sous un angle inhabituel. Il suffit d'une méchante petite cheminée, d'une lucarne pareille à une fossette, pour donner au nouveau venu une sensation de complicité. Mais quand une maison exhale l'arrogance et la haine, quand elle est sans cesse sur le qui-vive, cette maison-là ne peut être que mauvaise. En quelque sorte, Hill House semblait s'être faite toute seule, s'être érigée selon ses propres plans entre les mains des constructeurs. Elle s'était ajustée à son ensemble bien particulier de lignes et d'angles, et dressait sa gigantesque tête contre le fond du ciel, sans concessions à l'humanité. C'était une maison sans gentillesse, qui n'était pas destinée à être habitée. Il n'y avait pas en elle la moindre place pour l'homme, ni pour l'amour, ni pour l'espoir. Les exorcismes sont impuissants face à la substance d'une maison. Hill House resterait ce qu'elle était jusqu'au jour de sa destruction.